C’est l’histoire de ce que c’est que d’être une mère célibataire en situation de handicap qui élève des enfants, surtout si l’on considère que je n’avais aucune idée du mot « pauvreté ». Ce terme n’a jamais fait partie de mon vocabulaire, même si j’étais une enfant du Scoop des années 60.
Dans les années 90, j’ai déménagé à Vancouver-Est avec mon premier enfant en bas âge, alors que j’attendais mon deuxième enfant. Au fil du temps, j’ai commencé à m’intéresser au bénévolat et je suis tombée sur une organisation appelée End Legislated Poverty (ELP). À l’époque, ELP était une coalition de plus de 40 groupes en Colombie-Britannique, travaillant ensemble pour éduquer et organiser des efforts visant à réduire et finalement à mettre fin à la pauvreté. Fondée en 1985, l’ELP partait du principe que le chômage et la pauvreté étaient causés par les politiques et les législations gouvernementales, et non par les faiblesses des individus. Par exemple, les salaires minimums peu élevés et les taux d’aide sociale inadéquats piègent les gens bien en deçà du seuil de pauvreté.
J’ai commencé à rechercher et à découper des articles sur les questions de pauvreté et les luttes des personnes vivant des programmes d’aide sociale. Jean Swanson, militante de longue date pour la lutte contre la pauvreté et la justice sociale, a sensibilisé le public à la signification de la pauvreté en mettant en évidence les disparités entre les riches et les pauvres. Le travail de Swanson a illustré comment la majorité des richesses est détenue par un petit nombre de personnes, ce qui m’a permis de mieux comprendre comment les riches s’enrichissent tandis que les moins fortunés s’appauvrissent.
En tant que mère célibataire, j’ai dû trouver des ressources telles que les banques alimentaires, les coupons alimentaires, les chèques-cadeaux et les subventions d’urgence. À l’époque, je crois qu’on avait le droit de recevoir une aide une fois par année pour des factures échues ou des besoins d’épicerie urgents. Heureusement, lorsque j’habitais à East Van, mes enfants étaient scolarisés dans une école primaire du centre-ville et je résidais dans un logement autochtone subventionné pendant toute la durée de mon séjour. Le bénévolat pour ELP est devenu une force motrice dans ma vie, et je suis progressivement devenue une activiste radicale.
Combien d’entre vous savaient ce que signifiait la pauvreté au début de leur vie d’adulte ou même dans leur enfance ? Pour moi, ce mot n’a jamais existé dans mon éducation. J’ai souvent entendu ce terme dans mon enfance, mais je l’ai associé à l’aide sociale et au Scoop des années 60, au cours desquels nous étions traités comme des biens publics – souvent considérés comme des marchandises plutôt que comme des individus. Cette lutte a été rendue plus difficile par mes propres complications de santé.
Malheureusement, l’ELP a fermé ses portes dans les années 1990. De nombreuses personnes comme Jean Swanson, Rolf Auer et Joan Morelli – des militants anti-pauvreté et des mentors – ont joué un rôle déterminant dans ma compréhension de ces questions. À cette époque, les parents d’élèves de l’école primaire Sir William Macdonald se sont portés volontaires pour aider à plier et à poster les bulletins d’information intitulés « The Long Haul » à nos lecteurs. Cette école du centre-ville s’est engagée dans l’activisme pendant des années : elle a défendu les programmes de repas pour les enfants, la prise en charge des enfants au lit et après l’école, et a même campé sur le terrain de la commission scolaire de Vancouver au milieu des années 90 pour réclamer plus de soutien en classe et aborder des questions connexes. Certains articles de « The Long Haul » incluent des contributions de parents de Vancouver Est.
End Legislated Poverty fait partie d’un mouvement international plus large qui lutte pour les droits des personnes vivant dans la pauvreté. Le travail historique d’ELP comprenait l’éducation du public et les ateliers, la recherche, la préparation de matériel éducatif, les interviews avec les médias, le lobbying, les références pour la défense des droits, ainsi que le soutien et l’encouragement des personnes vivant dans la pauvreté. Pour plus d’informations sur End Legislated Poverty, vous pouvez consulter le site PovNet dont le lien figure ci-dessous.
En conclusion, je tiens à dire que les chercheurs ont identifié neuf dimensions de la pauvreté, en plus des faibles revenus et de la durée de la pauvreté. Ces dimensions comprennent : l’absence d’emploi décent, la privation matérielle, la santé physique, la souffrance émotionnelle, les abus sociaux et l’exclusion, l’injustice institutionnelle, l’impuissance, la lutte et la résistance.
La pauvreté ne nous a jamais quittés et nous devons continuer à nous interroger : Combien d’années devrons-nous attendre pour éliminer ce mot en « P » une fois pour toutes ? Je vous encourage tous à partager vos histoires et à travailler collectivement pour « ABOLIR LA PAUVRETÉ ».
~ Sandra Pronteau