Merci de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui. Comme on l'a dit, je m'appelle Michelle Hewitt. Je vis à Kelowna, en Colombie‑Britannique, et je suis présidente de l'organisme de bienfaisance canadien Le handicap sans pauvreté.
J'ai eu le privilège de prendre l'avion à quelques reprises. C'est toujours extrêmement stressant, et mon fauteuil roulant subit habituellement des dommages quelque part. Je pourrais vous donner une liste de choses qui me sont arrivées, mais je vais me concentrer sur un événement majeur.
En octobre 2013, j'ai pris l'avion avec ma fille — elle m'accompagne aujourd'hui pour m'assister — et les autres membres de notre famille pour rejoindre mes parents en Floride. Mes parents, qui partaient de l'Angleterre, venaient nous rejoindre là pour que nous puissions célébrer le 70e anniversaire de ma mère. Une fois l'embarquement terminé à Vancouver, il semblait y avoir un retard. La raison, c'est que mon fauteuil roulant avait été détruit. On l'avait placé sans actionner les freins dans un monte-charge dont la porte était restée ouverte. Lorsque le monte-charge a commencé à bouger, le fauteuil, qui pèse 350 livres, est tombé sur le tarmac 20 pieds plus bas. Il aurait pu causer des blessures graves ou tuer quelqu'un. Cela n'a heureusement pas été le cas.
Il est difficile de décrire le choc et la panique que j'ai ressentis, même si je m'en souviens très bien. Je me suis sentie coincée. J'étais prise dans un avion sans savoir ce que j'allais faire en arrivant à destination, où je n'avais plus de moyen de me déplacer. Toutes les autres personnes allaient sortir en marchant et poursuivre leur journée. On m'a d'abord donné un fauteuil roulant manuel en Floride, ce qui signifie que quelqu'un devait me pousser. Quelques jours plus tard, on a trouvé un fauteuil roulant électrique, mais il était trop petit pour moi. J'ai passé la majorité de mes vacances au lit. Encore aujourd'hui, j'ai une douleur chronique à la hanche à cause d'une blessure causée par les deux semaines que j'ai passées dans un fauteuil trop petit.
De retour à la maison, j'ai encore passé des journées au lit pour me rétablir. On m'a fourni un autre fauteuil électrique loué mieux adapté, mais il ne fonctionnait pas particulièrement bien, et je ne pouvais donc pas m'aventurer à l'extérieur de chez moi.
Six semaines plus tard, mon père est décédé à Oakville, en Ontario. Je n'ai pas pu assister à ses funérailles. Je souffrais encore de douleurs et d'une fatigue aiguës. Je n'avais pas de fauteuil qui me permettrait de voyager. Même si j'avais pu surmonter ces deux obstacles, je ne pouvais pas m'imaginer de nouveau dans un avion aussi peu de temps après avoir perdu mon fauteuil.
En tout, j'ai dû attendre trois mois avant de recevoir un nouveau fauteuil de la bonne taille qui fonctionne bien. Je ne peux pas blâmer le service à la clientèle que j'ai reçu de la part de WestJet pour remplacer mon fauteuil, car c'est tout simplement le temps qu'il faut pour obtenir un fauteuil roulant personnalisé, ce qui a coûté 25 000 $ à l'époque.
Le simple fait de ne pas s'être occupé correctement de mon fauteuil dans le monte-charge m'a coûté ma dignité et mon indépendance pendant des mois et a ébranlé ma confiance. Je n'ai pas pu assister aux funérailles de mon père et je ressens encore de la douleur physique.
Fait incroyable, cela m'est presque arrivé encore une fois en venant ici. Si le temps le permet, je vais en dire plus là‑dessus plus tard.
Prendre l'avion comporte beaucoup de risques pour nous. Lorsqu'un équipement auquel se fie une personne handicapée est endommagé, ce n'est pas comme perdre sa valise. C'est une partie intégrante de qui nous sommes; c'est essentiel à notre mode de vie. Un retard peut vouloir dire que nous ne pourrons pas prendre certains médicaments ou certains repas comme prévu, ou que nous allons passer une nuit dans une chambre d'hôtel qui n'est pas équipée pour nous. Les personnes handicapées représentent 27 % de la population canadienne, mais je doute que ce soit la même proportion des personnes qui prennent l'avion.
Avant de partir de chez moi, j'ai noté que je devais mentionner que je suis accompagnée de mon chien d'assistance, Leo. C'est la première fois qu'il prend l'avion. Vous pourriez peut-être lui demander comment cela s'est passé. Nous pouvons également en discuter.
Je vois qu'aux États‑Unis, un travail essentiel est fait pour examiner la façon dont les fauteuils roulants sont transportés dans les avions. Je pense que c'est essentiel. Nos fauteuils roulants sont délibérément configurés pour nous, mais dans l'avion, ils doivent être transportés avec les bagages. Je ne peux pas me permettre de voyager trop longtemps compte tenu du temps limité que je peux passer assise sur un siège d'avion, alors qu'un siège qui fonctionne parfaitement bien se trouve ailleurs dans l'appareil.
Mon fauteuil a été détruit il y a 10 ans, et je vois que peu de choses ont changé. Les histoires parues récemment sont seulement celles qui ont été portées à l'attention des médias — par exemple, la mienne n'a jamais été publiée —, et je suis certaine qu'il y en a beaucoup plus.
Je vais terminer en vous présentant une recommandation globale, à savoir que les compagnies aériennes offrent aux personnes handicapées une expérience sécuritaire pendant laquelle nous sommes traités avec dignité et respect, et pendant laquelle nous pouvons nous attendre à ce que notre équipement et notre corps soient dans la même condition à l'arrivée. Autrement dit, nous voulons vivre une expérience comparable à celle de toutes les autres personnes.
Merci beaucoup de m'accorder du temps aujourd'hui.
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