Le budget fédéral n’a prévu que 200 $ par mois/personne pour la Prestation canadienne pour les personnes handicapées (PCPH).
Le gouvernement fédéral promet une prestation pour les personnes handicapées depuis 2020 – présentée comme une révolution pour les nombreuses personnes handicapées vivant dans la pauvreté dans ce pays. Cette promesse n’a pas été tenue.
Il a fallu trois ans pour transformer cette promesse en législation, avec une approbation multipartite, ouvrant la voie à la Prestation canadienne pour les personnes handicapées (PCPH) historique. Et il a fallu une autre année pour que cette législation soit incluse dans le budget fédéral de ce mois-ci.
On pourrait penser que la communauté des personnes handicapées serait ravie que le soulagement financier tant attendu arrive enfin. Au lieu de cela, certains d’entre nous sont profondément déçus, et beaucoup sont en colère – mais nous sommes prêts à présenter à nouveau nos histoires à nos élus, en les exhortant à écouter l’appel des personnes handicapées.
Le budget fédéral n’a prévu que 200 $ par mois/personne pour la PCPH, qui ne sera déployée que dans un an et ne touchera qu’une fraction de ceux vivant dans la pauvreté en situation de handicap (ceux qui ont le statut de Crédit d’impôt pour personnes handicapées, ou CIPH). Cela est loin des grandes promesses faites par le gouvernement libéral pour mettre fin à la spirale de la pauvreté des personnes handicapées au Canada.
Chez Handicap Sans Pauvreté (HSP), une organisation dirigée par des Canadiens handicapés pour des Canadiens handicapés, nous avons posé les bases pour aider à « Façonner la PCPH » et répondre aux besoins des Canadiens handicapés.
Dans notre rapport récemment publié, Possibilité Handicap : Ce que nous avons appris des personnes handicapées au Canada sur la façon de façonner la Prestation canadienne pour les personnes handicapées, nous avons interrogé des milliers de Canadiens handicapés sur la manière dont une PCPH correctement financée pourrait améliorer leur vie. Nous avons appris qu’une PCPH substantielle leur permettrait de prospérer plutôt que de lutter pour survivre.
Nous avons entendu des personnes handicapées vivant dans les situations les plus marginales et vulnérables, y compris des personnes racisées, des réfugiés et de nouveaux immigrants, des membres de la communauté 2SLGBTQ+, des personnes en situation de logement précaire ou sans-abri, des membres des communautés autochtones, des personnes vivant en institution et des personnes ayant été incarcérées.
Grâce à notre réseau d’activistes locaux, nous avons pu entendre une gamme de voix qui sont habituellement ignorées. Mais ces nombres ne sont pas négligeables.
Les personnes handicapées représentent 27 % de la population canadienne. Il s’agit de la plus grande minorité que quiconque peut rejoindre à tout moment. Le handicap traverse toutes les divisions socio-économiques et raciales. Fait important, dans notre étude, nous avons constaté qu’un tiers des participants handicapés étaient également aidants pour d’autres personnes handicapées.
De quoi ont-ils besoin ? Notre recherche a révélé qu’une prestation fédérale adéquatement financée pourrait transformer leur vie.
Une personne nous a dit qu’elle achèterait des médicaments non couverts par sa province. Ils coûtent 9 $ par jour et le fait de ne pas les prendre la renvoie constamment à l’hôpital. Sur un mois de 30 jours, 9 $ équivaut à 270 $. Cette nouvelle prestation ne couvrirait même pas ce besoin modeste et vital.
Andy, de la Colombie-Britannique, nous a dit qu’une PCPH correctement financée « révolutionnerait ma vie en rendant les nécessités de base accessibles plutôt que des luxes. »
Tammy, de la Nouvelle-Écosse, dit : « Recevoir la PCPH ferait toute la différence entre lutter pour exister et avoir une vie qui vaut la peine d’être vécue. Les gens ne devraient pas avoir à choisir entre payer le loyer et acheter de la nourriture. »
Cette prestation n’a jamais concerné l’accès à des voitures de luxe ou des vacances. Il s’agit de dignité et d’autonomie pour les Canadiens qui ont besoin d’aide. Ils ne demandent pas la charité, mais un coup de pouce.
Au lieu de cela, le gouvernement a retiré sa main.
Notre rapport a identifié huit domaines où les personnes ont déclaré qu’elles dépenseraient la prestation, allant de la santé et de la nutrition aux soins personnels, à la mobilité et au transport.
Sur la stabilité du logement, Indigo, de Montréal, a dit : « Vivre si loin sous le seuil de pauvreté est épuisant, essayer de jongler pour avoir suffisamment d’argent pour payer le loyer aggrave fréquemment mon handicap. »
Malheureusement, les 200 $/mois budgétés par le gouvernement fédéral aideront peu ceux avec qui nous avons parlé pour notre rapport – et maintiennent les personnes handicapées au Canada dans une pauvreté légalisée.
La PCPH pourrait ouvrir un monde de possibilités pour les personnes handicapées, mais pour que cela se produise, pour permettre aux personnes handicapées de prospérer en tant que membres indépendants et actifs de notre société, elle doit être financée de manière adéquate.
Le gouvernement fédéral doit réduire la pauvreté et soutenir la sécurité financière des personnes handicapées – comme il l’a promis. 200 $/mois ne suffisent pas.
Dans une société juste, nous aiderions des gens comme Paula, qui rêve « de la possibilité d’un avenir où je suis un membre valorisé et contribuant de la société. »
Ils ont ouvert la porte. Nous ne les laisserons pas la fermer. Faites votre deuil, soyez en colère. Puis continuez de vous battre. Quel genre de Canada voulez-vous ?