Je souffre de paralysie cérébrale et la Prestation canadienne pour les personnes handicapées est très importante pour moi et d’autres personnes comme moi

Je souffre de paralysie cérébrale.  Chaque jour, j’éprouve des difficultés physiques.  Les fardeaux financiers que je dois porter avec mes proches représentent un obstacle encore plus important que les difficultés que je dois déjà surmonter. C’est la réalité de plusieurs personnes handicapées d’un bout à l’autre du pays. 

Pour assurer notre qualité de vie et même notre survie, nous avons vraiment besoin de prestations d’invalidité adéquates.

Il est temps que les politiciens de tous les ordres de gouvernement au pays prêtent attention aux personnes handicapées, et qu’ils tiennent vraiment compte de nos besoins.  Depuis 2020, on nous a promis la Prestation canadienne pour les personnes handicapées, un programme fédéral de soutien du revenu qui devrait permettre de « compléter » les prestations d’invalidité provinciales, afin que nous ne vivions plus dans une grande pauvreté. 

Nous l’attendons toujours.

Je suis atteint de paralysie cérébrale. Dans les meilleurs moments, je ressens constamment des douleurs physiques, dans les pires, je souffre de douleurs paralysantes. Mes mains m’offrent une marge de manœuvre restreinte. J’ai du mal à tenir une tasse de café, alors je ne peux pas m’alimenter.

J’ai pratiquement perdu l’usage de mes jambes. Je dois donc utiliser un fauteuil roulant électrique. Au début, il me permettait de parcourir le monde qui m’entoure, mais je risque maintenant de rester coincé sur un trottoir ou dans un ascenseur, parce que je n’ai pas les milliers de dollars nécessaires pour le remplacer. Je l’utilise depuis plus de 10 ans, alors les réparations sont de plus en plus fréquentes et coûteuses.

Je suis heureux. Je jouis de plusieurs privilèges.  Cela dit, ma vie est loin d’être facile.

Il m’est arrivé, en raison des contraintes physiques liées à mon handicap, de me retrouver sans travail pendant de longues périodes, malgré mes études en communication et mes antécédents professionnels. Ces longues périodes ont des conséquences émotionnelles et alourdissent le fardeau financier que je dois porter avec mes proches au quotidien lorsque je ne suis pas en mesure de travailler. À ces moments, je dois constamment démontrer que j’ai besoin d’aide, et dépendre de la bonté d’autrui pour répondre à mes besoins fondamentaux, ce qui devient lourd à porter.

Malheureusement, le système maintient les personnes handicapées dans le cycle de la pauvreté.

Je vis à Calgary dans un centre d’hébergement collectif et l’un des rares bâtiments de la ville pour les personnes souffrant d’importants problèmes cognitifs ou de mobilité. Pour vivre dans ce centre provincial, il faut verser 70 % de son revenu total, quel qu’il soit. Je vis dans un petit appartement de moins de 46 m2 (500 pi²) équipé d’une salle de bain accessible en fauteuil roulant et d’une cuisinière. Deux repas sont servis chaque jour et des soins sont offerts 24 heures sur 24 aux 45 résidents qui en ont besoin.

Si j’arrive à trouver un emploi, le coût de mon loyer augmente proportionnellement.  Si mon revenu est « trop » élevé (plus de 1 000 $/mois), mes prestations du programme provincial d’aide sociale aux personnes atteintes de graves déficiences sont rapidement amputées.

À l’heure actuelle, en Alberta, ce programme verse 1 787 dollars par mois, soit un peu plus de 21 319 dollars par année, et ce revenu annuel est bien inférieur au seuil officiel de pauvreté au Canada et en Alberta.

Je souhaite apporter ma contribution à la société, mais si je contribue davantage, je gagne moins. Il n’y a aucune possibilité de sortir de la pauvreté.

Pour nous, la Prestation canadienne pour les personnes handicapées promise est très importante, au-delà des aspects financiers.  Elle pourrait transformer la vie des personnes handicapées, favoriser leur autonomisation et les aider à véritablement enrichir notre société, en leur permettant de sortir de la pauvreté, ou à tout le moins d’atteindre le seuil de pauvreté, et de bénéficier d’une certaine autonomie et d’une certaine liberté. 

Je vous mets au défi, si vous avez été élus pour représenter et servir l’ensemble de la population canadienne, de transcender les discours politiques, afin de chercher à mieux comprendre la réalité de toutes les personnes touchées par vos décisions. Tenez vraiment compte des personnes, comme moi, qui s’expriment avec authenticité, et qui ont besoin des prestations d’invalidité pour vivre leur vie.

Je vous en supplie, prenez des mesures pour améliorer la qualité de vie de toutes les personnes handicapées.

Prenez les mesures requises pour qu’aucune personne handicapée n’ait à choisir entre payer son loyer, sa nourriture, ses médicaments ou les réparations de son dispositif d’aide à la mobilité. Nous pouvons choisir de bâtir une société qui reconnaît la dignité et la valeur de chaque personne, indépendamment de ses capacités ou des obstacles qu’elle rencontre.

C’est la seule vie que j’ai connue. Elle n’est pas facile.  Tout au long de mon parcours, j’ai démontré ma résilience. Je garde toujours espoir. Je fais preuve de conviction. Toutefois, tous ces efforts ne rendent malheureusement pas ma vie moins précaire.

Je vous en prie, ne laissez pas tomber les personnes handicapées comme moi.  Le moment est venu de mener à bien le projet de Prestation canadienne pour les personnes handicapées. 

David Oliver Wudel souffre de paralysie cérébrale. Il est un fervent défenseur de l’inclusion et de la lutte contre la pauvreté pour les personnes handicapées.